Lyon en Automne : Les Joyaux du Vieux-Lyon et Croix-Rousse

Ça y est, l’automne est bien arrivé ! Les feuilles jaunissent et rougissent, les journées raccourcissent, mais on peut encore compter sur quelques belles occasions pour partir en balade et s’abandonner à la contemplation. Je vous emmène donc (re)découvrir Lyon, dans le Rhône (69), au travers de ses quartiers du Vieux-Lyon et des pentes de la Croix-Rousse. A cette saison, la ville s’habille alors d’un romantisme envoûtant.

  1. Colline de Fourvière
    1. Théâtre et Odéon romains
    2. Basilique Notre-Dame de Fourvière
  2. Traboules et Renaissance
  3. Cathédrale Saint-Jean-Baptiste
  4. Croix-Rousse

Colline de Fourvière

Commençons de suite par les hauteurs de la ville en nous rendant sur la colline de Fourvière, qui fut le premier lieu investi par la colonie romaine lors de son installation en 43 avant J-C à Lugdunum, soit Lyon. Fourvière vient du latin « Forum Vetus », qui signifie Vieux Forum, site de rassemblement politique et économique des romains. Aujourd’hui, on retrouve des vestiges de cette vie antique, mais la colline n’a cessé de jouer un rôle important dans la vie des lyonnais. Je vous invite à prendre la ficelle, comprenez le funiculaire, pour vous y rendre.

Théâtre et Odéon romains

En effet, les vestiges romains qui ont été excavés figurent principalement dans le Grand Théâtre et l’Odéon, se tenant côte à côte. Tous deux sont composés de la même manière : d’une cavea (gradins), d’un orchestra (espace juste devant la scène avec des gradins pour les notables) et enfin d’une scène évidemment. La différence entre les deux monuments réside dans la nature des représentations et la taille des édifices. Le Grand Théâtre hébergeait des pièces de comédies et de tragédies, et pouvait accueillir d’abord 4 700 spectateurs, puis 10 000 après agrandissement. Alors que l’Odéon produisait principalement des représentations musicales et poétiques, ainsi que des déclamations politiques et philosophiques, accueillant jusqu’à 3 000 spectateurs.

L’ensemble du site fait aujourd’hui partie du musée gallo-romain de Fourvière depuis 1975 et conserve cette vocation culturelle et divertissante en hébergeant le festival des Nuits de Fourvière, ainsi que le Festival Romain à l’automne. Cet évènement plus vrai que nature a pour but de recréer la vie à la romaine avec des comédiens en costumes (empereurs, légionnaires, peuples divers de l’Empire) et différents stands d’artisans.

Si aujourd’hui le site a retrouvé de sa superbe, ça n’a pas toujours été le cas. En effet, au cours du IIIe siècle après J-C, on utilise les pierres des édifices antiques comme une carrière pour construire la ville basse de Lyon et laisser complètement à l’abandon les prouesses techniques des romains. Enfin, d’autres vestiges ont depuis pu être découverts dans divers recoins de la ville. Pour en savoir plus, je vous invite à vous rendre au musée dédié à cette époque, dont l’entrée plein tarif s’élève à 7€.

Basilique Notre-Dame de Fourvière

D’autre part, le premier monument que vous observerez inévitablement à votre sortie du funiculaire est la somptueuse Basilique Notre-Dame de Fourvière, qui règne en maître au-dessus de la ville. Elle me fait d’ailleurs beaucoup penser à Montmartre ! Mais avant d’avoir ce bel édifice, les premiers chrétiens de la société gallo-romaine de Lugdunum n’ont pas été bien perçus à cause de leur culte, et plusieurs en ont fait les frais comme la patronne de la ville, Sainte-Blandine, dont je vous raconte l’histoire plus bas dans l’article. 

Après ceci, de multiples chapelles se sont succédées et c’est au Moyen-Âge qu’un véritable culte à la Vierge Marie se forge. Les lyonnais l’ont plébiscitée à maintes reprises, notamment pour repousser différentes maladies telles que le scorbut, la peste et le choléra. Chaque vœu fut exaucé et les habitants décidèrent de la remercier en érigeant une basilique en son honneur. Le 8 décembre 1852, le clocher de la basilique est ponctué par une sculpture immense d’une vierge dorée, que l’on veut célébrer avec une procession et un feu d’artifice. Mais celui-ci est annulé par mauvais temps et les lyonnais décident eux-mêmes d’illuminer les fenêtres des maisons avec des lampes et des bougies. Cette tradition est restée et se perpétue encore à ce jour, ce qui est devenue l’incontournable Fête des Lumières.

La basilique actuelle est un chef d’œuvre d’architecture par ses styles néo-gothique et néo-byzantin ! Sa couleur blanche frappe au premier regard, tout comme ses sculptures en bas-relief sur la façade principale, notamment par la représentation du tétramorphe avec les symboles des quatre évangélistes. Mais le décor intérieur est tout aussi marquant avec bon nombre de mosaïques, dont une qui illustre la vie de Jeanne d’Arc. La crypte et la chapelle de la Vierge sont également ouvertes au public. Bien que l’entrée soit libre et gratuite, prenez note de la fermeture de l’édifice aux visiteurs lors des offices du dimanche, de 7h à 12h. A l’extérieur de la basilique, ne manquez pas l’accès à la terrasse panoramique qui offre une vue imprenable sur la ville de Lyon et si vous êtes chanceux, peut-être que vous apercevrez le Mont-Blanc par temps clair. 

Traboules et Renaissance

Une fois redescendu de la colline de Fourvière, par la ficelle ou à pied, vous vous retrouverez dans la ville basse et ce que l’on appelle véritablement le Vieux-Lyon. Cette partie s’est fortement développée au Moyen-Âge, notamment à l’époque de la Renaissance avec des industries florissantes comme la soierie ou l’imprimerie. De grands commerçants et banquiers italiens s’installent et emportent avec eux les influences italiennes dans les couleurs ocres et roses des édifices, ainsi que leur architecture. Cette migration est encouragée par le roi François Ier, qui accorde le monopole de l’industrie de la soie à Lyon et l’on voit alors de beaux hôtels particuliers émerger, avec fenêtres à meneaux, escaliers à vis dans une tourelle d’angle, arcades en croisées d’ogives et blasons familiaux sculptés.

La Maison du Crible dite la « Tour Rose », 16 Rue du Bœuf

De paire avec ce mouvement, l’architecture évolue et s’adapte aux besoins des habitants et surtout des commerçants. Ainsi, on voit apparaître les fameuses traboules, du latin trans ambulare qui signifie « passer à travers ». Ce sont des passages serpentant entre les cours d’immeubles qui permettaient de joindre une rue à l’autre, sans contourner tout le pâté de maisons. Lyon étant une ville de foire, elles étaient particulièrement nombreuses dans le Vieux-Lyon et accordaient de rejoindre rapidement les bateaux sur la Saône. Plus tard, ces traboules seront utilisées au XIXe siècle par les canuts insurgés (artisans de la soie) pour échapper au troupes venues les réprimer ; puis au XXe siècle, lors de la Seconde Guerre Mondiale, la résistance lyonnaise les prendront pour cachettes afin d’échapper aux nazis. 

Il est tout à fait possible de visiter certaines de ces traboules comme la fameuse Tour Rose, la Longue Traboule, la résidence Guillaume Leroy ou encore la Maison des Avocats. Cependant, ces espaces sont encore habités par des riverains et il est primordial de respecter quelques règles de courtoisie pour continuer à pouvoir les parcourir. Premièrement, garder le silence : en effet, le moindre bruit produit un écho monstre et peut déranger la tranquillité des habitants. Deuxièmement, ne pas forcer les portes fermées gardées par des codes : ça peut paraître évident, mais combien de fois j’ai surpris des touristes qui s’excitaient sur les portes closes… Si l’on veut que les traboules restent ouvertes, il faut jouer le jeu ! 

Cathédrale Saint-Jean-Baptiste

Toujours dans le Vieux-Lyon, le quartier le plus prisé est probablement celui de Saint-Jean. Lorsque l’on arrive sur la place du même nom, on découvre l’incontournable cathédrale Saint-Jean-Baptiste. Construite sur les bases d’édifices antérieurs, le monument actuel est une construction étalée sur trois siècles, au moment de bascule entre les courants architecturaux roman et gothique

Les pierres utilisées aux débuts de l’édification du chœur sont directement prises sur les édifices romains, mais après l’épuisement des ressources antiques, on utilise une autre pierre calcaire régionale qui durcit avec le temps. La façade date du début du XIVe siècle et sa rosace « de l’Agneau » a pour thème les vies des deux saints patrons de la cathédrale, Saint-Jean-Baptiste et Saint-Étienne. Un rappel de la scène du baptême du Christ par Saint-Jean-Baptiste est présent dans la fontaine au centre de la place, bordant la cathédrale.

La pièce maîtresse de décoration de l’édifice est l’horloge astronomique, mentionnée pour la première fois en 1379.  L’instrument est situé dans le bras gauche du transept et présente deux cadrans : un calendrier perpétuel en bas et un astrolabe au-dessus. La voûte terrestre est immobile, et c’est la voûte céleste qui tourne à l’intérieur. On voit également les mois de l’année, les signes astrologiques et des automates qui s’actionnent pour sonner les heures. L’accès à la cathédrale est gratuit, tout comme la visite de ses trésors dans l’ancienne Manécanterie. Vous trouverez ici, toutes les informations nécessaires à la préparation de votre visite.

Enfin, la découverte du Vieux-Lyon, encore très fréquenté, permet de comprendre l’animation qui y régnait pendant ses heures de gloire. La réputation de ce quartier n’a pas toujours été au beau fixe et au cours du XIXe, il est considéré comme insalubre et dangereux. Il sera laissé à l’abandon et il faudra attendre le XXe siècle pour que des riverains se battent pour sa conservation (et heureusement !).

Croix-Rousse

Une fois le premier quartier visité, traversez les quais de Saône pour vous rendre sur les pentes de la Croix-Rousse. C’est également un lieu chargé d’histoire qui, autrefois, était une commune complètement à part de Lyon. Aujourd’hui, c’est un quartier dynamique qui se réinvente.

D’une part, on sait en effet que la butte était habitée lors de l’Antiquité. Un parcours  jonché de volées d’escaliers vous guide notamment jusqu’à l’Amphithéâtre des Trois Gaules, lieu tragique du martyre de la patronne de Lyon, Sainte-Blandine. A l’origine, l’amphithéâtre accueillait des jeux du cirque et des spectacles, mais en l’an 177, la scène insoutenable des premiers martyrs chrétiens de Gaule s’y tint. Blandine était une esclave chrétienne qui, par le simple fait de vouer un culte différent des romains, fut torturée, puis conduite au cirque pour être jetée en pâture aux animaux, qui n’en voulurent pas. Finalement, elle fut achevée par son bourreau, puis brûlée et ses cendre furent jetées dans le Rhône. L’excavation de ce monument est un lieu historique incontournable, mais aussi un lieu de mémoire pour les chrétiens qui vénèrent Saint-Blandine, chère aux coeurs des lyonnais.

D’autre part, les pentes de la Croix-Rousse sont connues pour abriter de nombreuses œuvres de street art. En effet, une multitude de fresques murales d’artistes différents habille le quartier. Sur les volées d’escaliers mentionnées auparavant, il n’est pas rare des rencontrer des animaux et des personnages hauts en couleurs. Et en bas des pentes, vous pourrez retrouver des lyonnais célèbres de l’histoire de la ville : Paul Bocuse, les Frères Lumières, les canuts ou encore Antoine de Saint-Exupéry et son Petit Prince. Une balade bien agréable, au cours de laquelle vous trouverez sans mal un bon restaurant. Et oui, nous sommes dans la capitale de la gastronomie ! 

Enfin, la découverte des quartiers de Fourvière, du Vieux-Lyon et de Croix-Rousse ne représentent qu’une infime partie de l’essence de la ville. Si vous êtes bon marcheur, une journée suffit amplement pour les visiter tout en profitant de la douceur automnale. Si vous avez plus de difficultés, vous pouvez toujours emprunter le réseau de transports TCL, qui vend également les billets pour le funiculaire. Et vous, quel est votre coin favori de Lyon ?


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